Le Chemin vers la Magistrature : Dr. Thierry Schnyder parle de son quotidien professionnel, de sa carrière et de l'influence de la politique

Il raconte comment il est devenu juge cantonal dans le canton du Valais, le rôle que joue la politique aujourd'hui dans cette carrière et donne des conseils aux étudiants intéressés par la carrière judiciaire.


Thèmes : Juge, Tribunal, Valais, Politique, Université de Fribourg, Université de Berne, Carrière, UniDistance Suisse, Tribunal cantonal du Valais.
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Temps de lecture : 4 minutes.

 

Bonjour Monsieur Schnyder, pourriez-vous s'il vous plaît décrire votre parcours professionnel et en particulier nous expliquer comment vous êtes devenu juge cantonal ?

 

Fondamentalement, j'ai suivi un parcours classique pour devenir 'juge cantonal', comme les juges d'appel sont appelés en Valais.

 

Après avoir obtenu mon diplôme de fin d'études en sciences naturelles au  Collège Spiritus Sanctus , j'ai d'abord étudié le droit à  Fribourg  et j'ai obtenu mon diplôme en 1999. Je suis ensuite retourné dans le canton du Valais. Après plusieurs années de stages, j'ai réussi l'examen du barreau, puis celui de notaire. Cela a été suivi d'une thèse à  l'Université de Berne , où je n'ai pas travaillé en tant qu'assistant mais où j'ai plutôt exercé simultanément en tant que greffier de tribunal et/ou juge suppléant en première et deuxième instance. Ces engagements ont suscité mon intérêt pour le travail de juge, quelque chose que je n'avais pas envisagé auparavant.

 

En 2008, le Tribunal cantonal du Valais m'a nommé juge de district à Viège, et en 2015, j'ai eu l'opportunité de diriger ce tribunal. Entre-temps, l'organe législatif cantonal, le Grand Conseil, m'a élu juge suppléant au  Tribunal cantonal . Cela m'a permis d'acquérir davantage d'expérience en deuxième instance tout en travaillant comme juge de district. De plus, j'ai reçu une mission d'enseignement en droit public à  l'UniDistance Suisse . Enfin, en 2017, le Grand Conseil m'a élu juge cantonal ordinaire. Depuis lors, je travaille dans différents départements.

 

Après vos études à Fribourg et votre doctorat à Berne, vous êtes rapidement retourné au Valais. Est-ce les montagnes, le vin, la raclette ou autre chose qui vous ramène toujours au Valais ?

 

Ce ne sont pas ces clichés, mais plutôt mon environnement social qui me lie à cette région.

Ce qui me plaît particulièrement dans le métier de juge actuellement, c'est la possibilité d'agir en médiateur, de proposer des solutions et de prendre des décisions. - Dr. Thierry Schnyder

Quelle motivation vous a poussé à devenir juge plutôt que de poursuivre une carrière d'avocat ou de notaire ?

 

Je n'ai pas fait un choix définitif pour la profession de juge et pourrais tout à fait envisager de travailler ailleurs à un moment donné. Cependant, ce qui me plaît particulièrement dans le métier de juge actuellement, c'est la possibilité d'agir en médiateur, de proposer des solutions et de prendre des décisions. De plus, il y a des tâches organisationnelles supplémentaires au tribunal cantonal, ce qui représente une variation intéressante.

Le saviez-vous?

Dr. Thierry Schnyder publie régulièrement des essais et des livres en plus de son travail en tant que juge et conférencier, notamment son œuvre 'Le notaire dans le canton du Valais'.

Aux publications

Vous avez été élu juge cantonal par le Parlement du canton du Valais. Dans quelle mesure la politique joue-t-elle un rôle dans la carrière d'un juge ?

 

Cette question ne peut pas être répondue de manière générale. Voici quelques exemples :

 

Selon la région ou le niveau, des lois peuvent exister qui établissent une représentation proportionnelle des forces politiques lors des élections des juges. Dans de tels cas, l'appartenance à un parti joue certainement un rôle important.

 

Le processus d'élection des juges n'est pas uniforme en Suisse : il y a des élections partiellement directes, des décisions prises par le parlement ou d'autres solutions. Par exemple, les juges de district dans le canton du Valais sont élus par le Tribunal cantonal. Dans ce contexte, l'appartenance politique des candidats ne joue aucun rôle. Par conséquent, de nombreux juges de district dans le canton du Valais ne sont plus membres d'un parti politique.

 

Dans certains cas, les cantons ont des organismes spécialisés différents qui précèdent l'autorité électorale réelle lors des élections des juges. Par exemple, le canton du Valais dispose d'un Conseil de la Justice, composé de divers professionnels (avocats, procureurs, spécialistes des RH, juges, etc.). Ce conseil soumet un rapport sur les candidats à la Commission de la Justice du Parlement lors des élections des juges cantonaux. Les recommandations de ces commissions ne sont souvent pas basées sur des considérations politiques mais évaluent des critères objectifs tels que l'éducation, l'expérience professionnelle, les compétences linguistiques ou les évaluations de la personnalité des candidats.

Tous les quelques années, je suis confronté à des affaires où les médias nationaux sont présents ainsi que de nombreux spectateurs. - Dr. Thierry Schnyder

Pouvez-vous nous parler d'une affaire judiciaire qui a particulièrement marqué votre carrière de juge ?

 

Une affaire peut être particulièrement marquante pour un juge de différentes manières. Voici quelques exemples :

 

Tous les quelques années, je suis confronté à des affaires où les médias nationaux sont présents ainsi que de nombreux spectateurs.

 

Surtout en droit pénal, un juge est parfois confronté à des situations qui sont extrêmement tragiques pour les parties impliquées.

 

Dans certains cas, même dans une situation plutôt banale, il peut y avoir des questions exceptionnellement difficiles à répondre, nécessitant des efforts supérieurs à la moyenne.

 

Tout cela résulte en des affaires qui se démarquent. Cependant, en raison des obligations de confidentialité, je ne peux pas fournir d'informations détaillées sur une affaire spécifique.

Le travail du juge au tribunal cantonal est certainement devenu plus théorique. - Dr. Thierry Schnyder

Quel est votre quotidien type en tant que juge cantonal ?

 

La rédaction autonome des jugements et la révision des projets de décisions en allemand ou en français rédigés par mes collègues juges et greffiers constituent l'essentiel de mon travail. Il y a nettement moins d'audiences devant la deuxième instance, selon le département, par rapport à celles devant un tribunal de district. Cependant, il y a beaucoup plus de lectures de textes rédigés par des tiers. Le travail du juge au tribunal cantonal est certainement devenu plus théorique.

 

En outre, j'investis un temps considérable dans la gestion judiciaire, comme la qualification du personnel, la gestion des questions de personnel, l'organisation décentralisée du tribunal, la formation des stagiaires en droit, la préparation des consultations et la réponse aux éventuelles demandes des médias.

 

De plus, le développement personnel, tel que la lecture des décisions du Tribunal fédéral ou l'examen des révisions de lois, occupe également une partie du temps de travail.

 

En dehors de votre travail professionnel en tant que juge, auteur et conférencier à l'Université à Distance Suisse, vous avez des enfants, vous faites des randonnées en montagne et vous êtes impliqué dans le handball. Comment parvenez-vous à concilier tout cela ?

 

La condition la plus importante est certainement que je trouve du plaisir dans les différentes tâches et qu'elles se complètent plutôt bien ou créent un équilibre. De plus, tant mes équipes personnelles que professionnelles fonctionnent de manière excellente.

Les étudiants de l'UniDistance bénéficient de plus de libertés organisationnelles lors de l'apprentissage à distance et sont moins impliqués dans la vie étudiante par rapport à ceux des universités traditionnelles. Cela peut être un avantage ou un inconvénient selon les circonstances individuelles. - Dr. Thierry Schnyder

Quels avantages voyez-vous dans l'étude du droit à l'UniDistance Suisse ?

 

Les étudiants de l'UniDistance bénéficient de plus de libertés organisationnelles lors de l'apprentissage à distance et sont moins impliqués dans la vie étudiante par rapport à ceux des universités traditionnelles. Cela peut être un avantage ou un inconvénient selon les circonstances individuelles. En conséquence, l'UniDistance attire généralement des étudiants plus âgés qui possèdent des expériences de vie différentes.

 

De plus, étudier le droit à  l'UniDistance Suisse  permet également d'obtenir un diplôme de master, nécessaire pour obtenir un diplôme d'avocat.

 

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants en droit intéressés par une carrière judiciaire ?

 

Un diplôme en droit ouvre de nombreuses voies professionnelles intéressantes, c'est pourquoi, en tant qu'étudiant, je conseillerais de garder toutes les options ouvertes. Si un étudiant cherche des conseils, je recommanderais de se concentrer principalement sur l'étape suivante après l'obtention du diplôme en droit, à savoir le stage juridique et les examens correspondants. Par conséquent, je suggérerais de s'inscrire à autant de modules à l'université traitant des matières examinées dans l'examen d'avocat.

 

De plus, je conseillerais à l'individu d'effectuer des stages courts dans différents lieux (cabinets d'avocats, entreprises, organismes gouvernementaux, procureurs et tribunaux) pendant ses études pour acquérir des perspectives pratiques sur les différentes options de carrière. La maîtrise des langues officielles pertinentes est toujours un avantage et peut être développée davantage pendant les études. Enfin, je suis convaincu que s'engager dans des activités parascolaires en dehors des études contribue également à acquérir des connaissances supplémentaires.

 

Merci beaucoup d'avoir partagé vos expériences et votre vision du monde de la justice. Nous vous souhaitons tout le meilleur !

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